💭 Entre corps épuisé et esprit apaisé

Qu’il s’agisse de perdre ses biens ou ses forces après un effort intense, l’être est saisi par un vertige similaire : celui du dépouillement. Que nous quittent des possessions, de l’énergie, ou l’illusion du contrôle, cette expérience du vide met au jour une vérité fondamentale, que le philosophe grec Épicure, au IVᵉ siècle av. J.-C., avait déjà saisie : la sérénité véritable procède non de l’acquisition, mais de la domination de ses désirs.

Loin d’être anodines, la lassitude intense et la déperdition d’énergie consécutives à l’entraînement puisent leur origine en des mécanismes physiologiques solidement établis par la science.

La neurophysiologie de l’exercice nous révèle que trois facteurs conjugués — l’épuisement du glycogène musculaire, l’accumulation de métabolites comme l’acide lactique, et une fatigue neuromusculaire localisée — viennent altérer la capacité du muscle à générer une contraction efficace (Sci-Sport, 2023).

D’un point de vue philosophique, cette réalité physiologique incarne la leçon d’Épicure : tout excès porte en lui la ruine de la sérénité. L’obsession de la performance, à l’instar de la quête immodérée de la richesse, finit par consumer davantage qu’elle n’édifie. Car l’épicurisme ne prône nullement la paresse, mais bien la vertu de la mesure : il s’agit d’apprendre à discerner l’instant où le corps, tel l’esprit, réclame le repos. Cette lucidité salutaire, qu’Épicure nommait la phronesis—cette sagesse pratique—, constitue le rempart le plus sûr contre le vertige d’un désir sans frein.

« De même que la fatigue n’est point un échec mais un rappel salutaire à l’ordre naturel—cette loi immuable qui impose son alternance entre l’effort et le repos—, perdre ses biens incarne cette même phronesis forcée : un dépouillement qui, dans le temple du dépassement comme dans l’existence entière, nous enseigne que savoir suspendre à temps son accumulation matérielle ou physique relève moins d’une abdication que de la plus haute forme de maîtrise de soi, nous libérant ainsi dans l’équilibre retrouvé entre une possession mesurée et une invulnérable liberté intérieure. » @kvnbbg @techandstream

La véritable performance consiste à s’entraîner intelligemment, à écouter ses signaux physiologiques, et à cultiver une forme de bonheur durable; celui qui unit la puissance du corps et la clarté de l’esprit.